Wednesday, September 19, 2012

Teletubbie sort de ce corps !

On dit souvent que la peur vient de l'inconnu. Cette affirmation est loin, très loin de me correspondre, elle est même l’opposé de ce qui me caractérise, moi, l’âme de télétobbies que je suis (ne riez pas, j’extrapole bandes de mongoles). Certains prendront cela pour de l’inconscience, d’autres pour de la stupidité, mais c’est ainsi : j’ai besoin d’être avertie pour me méfier. J’ai naturellement une vision d’un monde sans personnes malhonnêtes, sans danger. Pour les rustres qui ne comprennent pas l’image, je fais confiance trop facilement.

Comme je l’ai déjà précisé, Johannesburg est une ville fascinante dans laquelle richesses et pauvreté se heurtent, développement et dépérissement se cognent : le contraste est violent et d’une telle évidence qu’il vous saute aux yeux ! Une ville de villas somptueuses et de Townships sans fin, de dynamisme économique intense et de zones laissées à l’abandon, voguant vers un déclin certain.

Mais c’est dans cette même ville que le calme et le danger se bordent, se ficèlent et se coudoient. La nuance est plus faible, elle est à peine palpable, et c’est la que la ville vous piège : vous vous sentez sûr de vous, en sécurité et soudain, vous êtes menacé, votre vie est en péril, vous vous sentez alors vulnérable, terriblement vulnérable parce que vous comprenez qu’à tout moment, votre situation peut basculer si vous baissez votre garde.

Exemple illustratif et vécu : le GPS. En France n’importe quelle personne ayant évoluée en voiture avec moi vous dira que j’ai un sens de l’orientation scandaleux (merci Maman pour ce don génétique). Et vous savez quoi ? Aussi loin que remonte mes souvenirs, je m’en suis toujours tapé : tous les chemins mènent à Rome, je finis toujours par retrouver ma route, avec ou sans GPS, en suivant des pistes au hasard (vu que je n’ai aucune logique), et peu importe si aller d’un point A à un point B me prend dix minutes de plus (… deux heures ?).

Mais ici, tout est différent. Il m’est indispensable d’arriver à me repérer parfaitement et ce sans l’aide d’un robot débile avec une voix de pouf : le GPS vous indique le plus court, le plus direct mais jamais il ne vous donnera le chemin le plus sûr. J’en ai fait l’amère expérience samedi dernier en partant au travail. 

Afin de m’éviter des embouteillages, la petite machine a décidé de me faire passer par le charmant quartier d’Hillbrow. J’ignorais complètement où je me trouvais jusqu’à ce que je me retrouve entourée de taxi-bus. Les taxi-bus sont les bus pour les habitants des townships. Je n’ai jamais vu de blancs monter dedans. La seule chose que je sais sur ces tacos, c’est qu’ils conduisent comme des tarés : ils grillent les feux, vous coupent la route, accélèrent puis s’arrêtent soudainement n’importe où, même dans les virages, vous dépassent par la gauche et la carrosserie de certains est tellement usée que l’on est surpris qu’une telle loque puisse encore rouler à une telle vitesse. 

En temps réel, j’essaie de ne jamais me mettre derrière eux : ils sont trop imprévisibles. Alors, je peux vous dire que ce matin là, lorsque je me suis retrouvée seule conductrice d’une voiture décente au milieu des fous du volant, j’en menais pas large. Pas large du tout même. Vous vous êtes déjà senti très observé par les habitants d’un quartier dans lequel on meurt de faim ou tué par des gangs parce que vous avez l’air d’une blanche perdue avec une belle voiture ? Vous vous sentez seul. Et angoissé. Je ne vous le souhaite pas même si un jour on s’enguele et que j’en viens à vous détester. 

J’ai finalement retrouvé le théâtre (Maman si t’as pas encore fait de crise cardiaque, tout va bien pour moi). 

Mais, plus je connais cette ville, plus j’apprends à être inquiète, à ne jamais me relâcher quelque soit l’endroit où je me trouve. Lorsque vous arrivez dans les beaux quartiers, tout semble si paisible que vous vous dites que finalement les gens flippent un peu pour rien. Mais même dans ces coins là, vous êtes exposés à des mauvaises rencontres, vous n’êtes jamais loin du danger. Moi j’ai eu besoin d’un coup de peur pour éveiller ma prudence. Alors, les règles de bases, je commence à les appliquer : toujours fermer les fenêtres, verrouiller les portes, avoir l’air sur de sa route, ne pas hésiter à griller les feus la nuit, ne jamais au grand jamais marcher dès que le soleil se couche, ni même quand il est levé dans certains endroits, toujours avoir une idée du lieu où je me trouve... (cette dernière résolution va me demander beaucoup d'efforts et de volonté...)

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